jeudi 5 septembre 2013

Brazil 5/14. Ilha Grande








A nouveau, le livre d’images noir s’ouvre aux yeux de l’homme. 
Son corps s’intègre au papier, s’incruste dans le monde qu’il représente, 
à la recherche d’une existence oubliée.

Il a franchi la limite. Ses paupières s’ouvrent avec avidité, curieux de 
découvrir les nouvelles images de ce temps passé et inconnu. Mais la 
vision est trouble et poussiéreuse. Ce qui se trouve devant ses yeux 
est difficile à comprendre. L’homme sent l’odeur de la mer qui flotte 
au-dessus des pages du carnet. Il peine à faire le point, à 
focaliser son regard sur un détail.
Qu’est-ce qui s’offre ici à son regard ?

C’est un bateau échoué sur une plage grise et charbonneuse. 
Mais peut-être est-ce juste le dessin qui donne cette impression. 
Comme si une image se trouvait enfouie sous une autre, laissant des 
traces, ici et là, de son existence, sans se dévoiler tout à fait. 
Il n’obtient pas de réponse.

Mais cette vision le satisfait et lui plaît même. Elle n’a rien d’inquiétante, 
au contraire. Le bateau échoué laisse deviner les nombreuses vagues 
sur lesquelles il a navigué durant son existence, résigné aujourd’hui 
avec calme à se reposer sur cette plage. Il se dégage de cette figure 
une mélancolie agréable. Cela convient à l’homme.

Il décide alors de marcher, d’explorer ce lieu – qui lui semble être 
une île – afin d’abreuver son regard de nouveaux paysages. 
Il s’enfonce alors dans la jungle toute proche.






En chemin, alors qu’il marche depuis quelques heures, ses pas 
avançant au rythme des oiseaux et animaux cachés dans la végétation, 
il croise un groupe de personnes, assis dans une clairière. Leur visage lui 
rappelle quelque chose.
Bien sûr. Ce sont les guides qui l’avaient conduit précédemment dans 
la ville. Ils semblent plus sereins et silencieux ici, au sein de la nature 
luxuriante. L’homme leur demande s’il peut se joindre à eux. Ils ne 
semblent pas y être opposés.

Ensemble, ils traversent l’île par le centre, observant les éléments naturels, 
s’émerveillant de leur existence si étrange et pourtant spontanée. 
Les merveilles s’enchainent, lieu après lieu, l’homme est ravi.
C’est alors qu’ils débouchent sur une nouvelle plage. La séparation 
entre les arbres de la forêt et le sable du rivage est nette et contrastée. 
Les milliards de grains craquent avec élégance sous les pas des marcheurs.





L’un des membres du groupe, le premier dans la file, s’arrête. Il indique 
à l’homme de regarder. Devant la jungle et derrière un grand arbre 
sans feuille se dresse une petite habitation, construite à même le sable. 
Personne ne semble y vivre et pourtant c’est un symbole. 
L’homme le comprend.

Ce séjour sur l’île fut court mais il touche déjà à sa fin. La présence de la 
maison au milieu de cet univers entièrement naturel lui indique que 
le retour à la civilisation est proche. Il en est ainsi.










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire